vendredi 11 décembre 2009

Minuit cinq

Hier soir, abattu par la fatigue, je me suis effondré sur mon lit sur le coup des neufs heures, dans ma léthargie je pensais à la grippe, et à une phrase de ma prof d'Anglais prévoyant notre mort à tous très prochainement, ou plutôt ma mort. Car vers deux heures, je me suis réveillé en plein cauchemar. Quelque chose venait d'entrer chez moi, et de façon incompréhensible, je suis allé me réfugier dans la salle de bain, verrouillant la porte. La chose s'approchait, je l'entendais. Il y eu une secousse, on essayait d'enfoncer la porte, puis la lame d'une faux traversa la porte, c'était la mort elle même qui venait me chercher. D'habitude, lorsque mes rêves tournent mal j'arrive à me rappeler que je ne fais que rêver, mon cauchemar perd alors de son drame, et je tombe aussitôt dans un récit à l'intérêt limité. Mais cette fois-ci, je n'y suis pas arrivé, sans doute parce qu'il s'agissait d'une nouveauté. M'enfin, drôle de façon de conclure l'année de ma majorité.

Ce fut une journée agréable, j'ai passé la soirée seul chez moi, tranquille, buvant une bière en écoutant du Brahms à fond... Je consultai mon portable, non, toujours pas, après tout, je m'étais peut-être trompé. L'heure avançait, à minuit, je me suis dit qu'il n'y avait plus à espérer quoi que ce soit, et pourtant l'idée de ne rien recevoir me paraissait impossible. J'avais dû manquer quelque chose, quelque part. Et soudain l'évidence, je me suis levé, j'ai enfilé un manteau, et je suis sorti jusqu'à la boîte aux lettres. J'y trouvai une lettre. Je pus lire mon nom écrit à l'encre verte émeraude, légèrement en italique. L'écriture ne me disait rien, mais je n'en conclus rien, j'avais moi-même l'habitude d'altérer la mienne pour me livrer à différentes correspondances. Refaisant le chemin jusqu'à ma porte, je me retenais d'ouvrir l'enveloppe, faisant ma petite analyse. L'écriture semblait nette, peut-être un peu trop pour avoir été réalisée sur une enveloppe pleine, peut-être s'y est-on repris à plusieurs fois. Il n'y avait aucune autre annotation que mon nom d'état civil. En retournant l'enveloppe je vis une trace de pression sur le pli, comme si mon envoyeur l'avait marqué de l'ongle tout du long.

L'enveloppe ne contenait qu'une lettre, écrite sur une feuille d'un blanc mâte, pliée en trois, et non signée. A la lecture, les mots me parurent familiers, et je n'eus pas à retourner toutes mes archives d'envois pour retrouver à laquelle de mes lettres, me faisait penser ce ton. Je me félicitai d'avoir pu toucher un sentiment de gratitude chez quelqu'un... Cependant, reprenant ma lettre, je me rappelai qu'il n'y avait pas eu un unique destinataire à ces mots. Non, à quelques variations prêt, trois personnes avaient reçu les petites soeurs de mon originale, qui à ce propos avait été écrite sans destinataire concret, autorisant une certaine liberté.
Quoi qu'il en soit, j'ai ma petite idée sur la chose.
Minuit cinq, et ma nuit s'est illuminée. Merci.

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