jeudi 26 novembre 2009

Tu m'inspires...

Par Constant,
L'autre jour, alors que je tenais compagnie à un camarade fumeur devant la grille du lycée, j'ai senti un regard sur moi, puis un second, je me redresse et vois en effet une fille au corps filiforme me désigner à une deuxième à l'air curieuse. Deux connaissances d'L.
(How it started in Fujitown) Durant mon année de sup, j'ai eu deux objets, l'autobiographie de Giacomo C.(1), et mon premier Dolman(2). Vous savez, ce vêtement gay que toute radasse se respectant(un peu) a cru posséder l'hiver suivant après un passage chez monop... Et bien oui, durant mon année de sup, je me suis fait un Dolman que j'avais dessiné pendant l'été. Noir, avec les galons et les brandebourgs blancs, et bien entendu, sur mesure. Un vêtement bien visible, et encore hors de la tendance. Ce qui me valut les regards de pas mal de gens, ma prof d'Anglais, celle de Français aussi, les zouzes du BTS d'esthéticienne, de façon assez lourde, et les autres de Fujitown High School. Parmi ces dernières, il y en a une qui retint mon attention, la fille du tram. Une fois alors que je déjeunais, je réalisai qu'on me fixait, je levai les yeux et remarquai cette fille dans un coin sous la verrière, dont le regard hésitait entre moi et mon Dolman posé sur mes épaules. Ce n'était pas la première fois que je la surprenais, ça c'était déjà produit en venant en cours dans les transports. Je ne fis rien, j'avais l'habitude de voir la consternation face à mes productions nocturnes. Seulement, avec l'année avançant, je refis le même constat, certaines fois où je ne portais pourtant rien de frappant. Sans plus y penser, je m'en amusais à chaque fois, et continuais mon chemin.
Mais un jour de Juin pendant les épreuves du Bac, alors que je sortais du lycée à une heure décente à cause du congé de maternité de ma prof de Maths, je passai la grille, puis croisai un petit groupe de lycéennes. J'avais ma camisole auditive en place, mais étant à la jonction entre deux mouvements d'un requiem allemand, je pus entendre clairement son prénom crié par une des zouzes derrière moi. Appel qui déclencha le retournement d'une autre fille qui discutait un peu plus loin, la fille du tram. Et bien, chère lectrice, je ne te vis même pas poser un regard sur celle qui t'appelait avec tant de discrétion, mais j'eus le plaisir de croiser longuement ton regard silencieux. C'en était assez, j'avais lancé de plus périlleuses entreprises pour moins que ça. Le lendemain, je pris le temps de lire toute la liste des candidats de la cession. Et j'identifiai quatre homonymes, avec quelques variations d'orthographe, une en première, et les autres en terminale. Je relevai les noms, et oubliai toute cette histoire le temps de l'été.
A la rentrée de spé, et même à ma première récré, je la revis, elle me regardait, je l'ai donc regardée. Les cheveux châtains avec des reflets roux, des yeux légèrement en amande, et un corps de Mayol. Je pris donc la décision de la trouver. J'eus vite fait de trouver sa classe. Je lui fis donc passer un mot de courtoisie anonyme par le casier de sa section, stratagème infaillible, qui vous assure d'être lu par les zouzes présentes lors de la réception, qui se sentant spectatrices d'un geste qu'elles jalousent, pousseront votre destinataire à la plus grande tendresse à votre égard. Je n'avais plus grand chose à faire, et je ne comptais pas en faire plus, jusqu'à ce que ma secrétaire préférée ne me propose de m'aider à obtenir les informations qui me manquaient. Je pus ainsi envoyer une carte postale quelques temps plus tard, et finalement rompre mon anonymat. Pour cela j'eus recours à la technique fraichement développée par le grand Moï-San, un sms disant juste "je te vois".
Je trouvai presque étrange qu'elle me lie immédiatement au premier mot, mais bon, ça ne doit pas arriver tout les jours. Quelques jours plus tard, je reçus un message du Vis-L-Ard qui m'informait qu'on l'interrogeait à mon sujet, voulant me vendre sa bonne publicité...
Mais il y a pire, il y a ce qui se passe dans les obscures salles de ciné du quartier latin...


Note :
1) A lire, véritable leçon de savoir vivre. J'ai récemment trouvé une édition de la pléiade des trois tomes pour 90euros chez un bouquiniste des quais.
2) Dolman que j'ai depuis décliné en noir uniquement et en pelisse...

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